Je ne pouvais pas rater Crimson Peak. Impossible. J’ai mis du temps, mais je l’ai vu. Et je ne regrette pas.
Avant de découvrir le film en salles, j’ai eu envie de découvrir un peu mieux son réalisateur, Guillermo Del Toro. Je l’ai toujours eu en affection, depuis Hellboy , que je trouve absolument génial (le 2 aussi, mon rêve le plus fou étant que le 3 voit le jour). Et même si Pacific Rim m’est passé au-dessus de la tête (genre là), ça n’a en rien entamé mon intérêt pour Guillermo. Et après avoir vu Cronos, Le Labyrinthe de Pan et L’échine du diable , il m’est clairement apparu une chose: je suis loco de Guillermo (pardon). Mes seules réservés concernant donc Pacific Rim et Blade 2 . On l’y reconnaît sur certains points, mais pour moi, ça ne l’a pas fait.
Ce que j’aime vraiment chez Guillermo Del Toro, c’est ce rythme de narration très particulier, assez lent, où il débute l’histoire en nous prenant doucement par la main. On n’est plus habitué à ce qu’un réalisateur prenne autant son temps pour nous exposer son univers et ses personnages. Mais stop le love sur Guillermo (un peu) et parlons de Crimson Peak .
Non mais soyons honnêtes: QUI ne serait pas tombé dans le piège???
Beaucoup de facteurs m’ont fait attendre ce film avec impatience : un film d’horreur gothique, réalisé par Guillermo Del Toro avec Benedict Cumberbatch (qui avait été casté au départ pour incarner Thomas Sharpe) puis avec Tom Hiddleston (qui a donc au final incarné Thomas Sharpe): autant dire que ce film me susurrait des mots doux à l’oreille dès le début. Après l’avoir vu, j’étais ravie. Crimson Peak comporte tout ce que j’aime chez Guillermo Del Toro. La narration, mesurée, nous permet de nous glisser dans le film comme dans un bon bain chaud. Le manoir des Sharpe est un lieu très fort qui prend toute sa place, jusqu’à devenir un personnage à part entière de l’histoire, presque vivant, sentiment renforcé par sa capacité à saigner (ingénieux stratagème de l’argile rouge). Autre constante de Guillermo, son traitement des fantômes. On retrouve dans Crimson Peak sa définition du fantôme dans L’échine du diable: ce sont des âmes avant tout torturées, malheureuses, prisonnières. Leur apparence repoussante n’en fait pas pour autant les monstres de l’histoire. Non, les vrais monstres, ce sont Thomas et Lucille Sharpe.
L’interprétation de Tom Hiddleston, tout en douceur et subtilité, et la force de la Lucille de Jessica Chastain nous font presque ressentir de l’empathie pour eux. Car c’est un des trucs de Guillermo: les vrais méchants n’existent pas, et la cause de leur horreur a souvent ces racines ailleurs. Leur histoire est tragique, leurs agissements horribles, et leur fin logique. Mais pas de banal « ils l’ont bien mérité ! » chez Guillermo. Et tant mieux. Edith Cushing, interprétée par Mia Wasikowska, n’est pas un personnage aussi naïf que l’on aurait pu le penser au début. D’accord, elle tombe dans le piège (qui s’appelle Tom Hiddleston, hein, normal quand même), mais même si Jessica Chastain est difficilement égalable à l’écran, Mia ne démérité pas et ne s’efface absolument pas devant elle. Guillermo aime tous ses personnages et ça se sent. Il aime également son cinéma et ses histoires et c’est un plaisir de retrouver ses préférences au travers de ses différents films et de les voir apparaître dans telle ou telle scène.
Pour résumer : Crimson Peak est un film somptueux, avec une ambiance à la Hammer qu’avait également effleuré La Dame en noir . On y retrouve des personnages complexes, torturés, pathétiques, des fantômes désespérés, un manoir oppressant. Alors peut être que par moment, le scénario peut paraître un peu facile. Mais la façon dont Guillermo nous raconte son Crimson Peak est aussi délicieuse qu’une déclaration d’amour passionné au cinéma et à leurs amoureux… Guillermo, je t’aime aussi.