Quand je vais voir une adaptation d’une pièce de Shakespeare, j’ai toujours un peu peur. Le réalisateur saura-t-il transposer la pièce a l’écran sans juste filmer du théâtre? Les acteurs sauront-ils nous toucher malgré la distance qui nous sépare? Sauront-ils adapter leur “jeu de théâtre” à celui, moins codé, qu’ils déploient sur un tournage? Quand une pièce est bien faite (bien mise en scène, bien jouée), on est immergé dans l’histoire, les émotions, les ambiances. Je craignais donc de ne pas m’y retrouver dans cette adaptation de Macbeth sur grand écran. Et heureusement, j’ai eu tort.

Michael Fassbender = Macbeth

J’ai passé 1h55 à me régaler de Shakespeare. Dès le début, nous sommes jetés en pleine terre d’Écosse, la réalisation de Justin Kurzel (réalisateur également d’Assassin’s Creed où il retrouvera Michael Fassbender et Marion Cottillard), magnifique, nous montre des paysages fantomatiques, poétiques, presque magiques. La musique, forte, bruyante, guerrière, nous prend très tôt aux tripes, présageant de sombres moments. Nous sommes jetés sans ménagement dans une bataille brutal, où nous découvrons Macbeth. Michael Fassbender, aussi sympathique soit-il, ne m’avait jamais autant touché par son jeu d’acteur. Je n’avais pas réalisé jusque-là à quel point il était doué. De guerrier honnête, loyal, juste, il passe à un ambitieux assoiffé de pouvoir et de sang, “légèrement” poussée par Lady Macbeth, pour finalement tomber dans la folie.

Un casting impressionnant

La prédiction des Soeurs du destin, qu’elles nous livrent au début du film (Macbeth, roi; Banquo, père de rois) ce serait-elle réalisée malgré tout ? La violence, le sang versé, montré à l’écran sont nus, crus, durs. Macbeth perd sa foi, en lui, en la vie, en tout. Marion Cotillard interprète une Lady MacBeth d’abord vénéneuse, qui se fragilise petit à petit, pour finir pleine de remords, de chagrin, de tristesse. Elle est tout simplement parfaite. Et je dis ça alors que je n’ai jamais été séduite par elle auparavant, mais là, dans ce rôle, elle est époustouflante. Mention plus que spéciale également à Paddy Considine, qui interprète Banquo, et à Sean Harris, qui a le rôle de Macduff. Vous ne trouverez pas une seule erreur de casting dans ce film.

Alors peut-être que certains vont y trouver quelques longueurs, mais comme pour le rythme de narration de Guillermo Del Toro dans Crimson Peak (entre autre), je pense que c’est parce qu’on a perdu l’habitude de prendre le temps d’écouter une histoire, d’accompagner des personnages, et William, il aimait bien prendre son temps.

Cette adaptation de Macbeth est destiné à devenir un classique. En réussissant cette performance, Michael Fassbender s’est rendu immortel, Marion Cotillard également.